Un
colloque international a rendu hommage aux vingt victimes françaises du
terrorisme d’Etat en Argentine. Trois d’entre eux étaient d’anciens membres de
la communauté de l’établissement franco-argentin de Buenos Aires. Le Collectif
Argentin pour la Mémoire et les familles des détenus-disparus se sont prononcés
pour la mise en place d’une plaque commémorative à l’intérieur de l’école.
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PARIS -
Le Collectif Argentin pour la Mémoire a organisé le 8 décembre dernier au Sénat
un colloque international appelé « Les citoyens français assassinés ou
disparus pendant le terrorisme d’Etat en Argentine », avec la présence de
l’ancien ministre français Robert Badinter, président d’honneur à cette
occasion.
Parmi les
30 000 victimes de la dernière dictature militaire argentine (1976-1983),
vingt étaient françaises. L’une d’elles était un ancien élève et un ancien
surveillant du lycée Jean-Mermoz (Yves Domergue), une autre, maîtresse en
maternelle (Marie-Anne Erize), et la troisième était une ancienne élève du Collège
français, l’institution qui a précédé le lycée (Cecilia Rotemberg).
Tout au
long de cette journée sont intervenues différentes personnalités, telles que
l’ambassadeur argentin en France, Aldo Ferrer ; l’avocate en France des
familles des disparus français, Sophie Thonon-Weisfreid ; l’avocat en
Argentine des familles françaises, Horacio Mendez Carreras, ainsi que deux
autres anciens élèves du lycée qui ont été détenus pendant la dictature puis
libérés : Michel Lhande et Michel Ortiz (ce dernier était le
compagnon de Cecilia Rotemberg).
Plusieurs
anciens élèves du lycée ont apporté leur témoignage sur cette période noire de
l’histoire argentine, en plus de MM Lhande et Ortiz : Marie-Noëlle
Erize, la sœur de Marie-Anne et Eric Domergue, frère d’Yves.
La plaque
commémorative au Mermoz
Michel
Ortiz a publiquement fait part de son souhait que le lycée franco-argentin pose
une plaque commémorative à l’intérieur de l’établissement afin de rappeler aux
nouvelles générations l’importance de la mémoire et des luttes pour plus de
justice. « Ce serait une façon de rappeler que les enfants et
adolescents du lycée étaient très sensibilisés aux injustices et à la démocratie », a-t-il expliqué à une
autre ancienne élèves présente au colloque.
Cette
journée au Sénat s’est terminée par l’intervention de son organisatrice, Alicia
Bonet-Krueger, présidente du Collectif Argentin pour la Mémoire, qui a affirmé soutenir
cette initiative depuis Paris.
L’avocat
Horacio Mendez Carreras, dont les trois filles ont fait leurs études au Mermoz,
a parlé du projet d’inauguration de la plaque comme « d’un acte suprême
de justice ».
Le
lendemain, vendredi 9 décembre, l’ambassade argentine à Paris a rendu hommage à
Yves Domergue ainsi qu’à sa compagne Cristina Cialceta, tous deux assassinés
par les militaires en 1976.
Leurs
corps ont été identifiés l’année dernière par l’Equipe argentine
d’anthropologie légiste (EAAF), suite à un travail mené par les élèves de
terminale de l’école Pablo-Pizzurno de Melincué, village de la province de
Santa Fé, où avaient été enterrées les dépouilles.
Après
avoir déposé des fleurs au pied de la plaque qui rend hommage aux victimes du
terrorisme d’Etat, dans le hall de l’ambassade, les participants ont vu le
documentaire Le cas Melincué (http://youtu.be/qEnlY8He15g), qui explique
comment le travail d’une enseignante, Juliana Cagrandi, sur le devoir de mémoire
et les événements durant la dictature (au programme obligatoire de l’éducation
nationale argentine depuis 2006), a conduit la famille Domergue, 34 ans plus
tard, à enfin savoir ce qui était arrivé à Yves.
La mère
et le père d’Yves étaient présents, ainsi que trois de ses frères, parmi lesquels
Eric habite encore à Buenos Aires, sa sœur, et d’autres membres de sa famille.
Juliana Cagrandi, l’institutrice grâce à qui tout a commencé, a également témoigné
suite à la projection du film.
Le
documentaire, qui sera distribué l’an prochain à toutes les écoles du pays,
montre le moment de l’inauguration d’une plaque au sein de l’école
Pablo-Pizzurno, en hommage à Yves et Cristina. « Je suis surpris de
voir que école d’un petit village de Santa Fe rende hommage à Yves Domergue,
alors que que le Lycée qui l’a formé et l’a vu grandir ne l’a pas encore
fait »,
souligne Roger Sorbac, ancien élève du lycée (promotion 1976) et qui milite
depuis bientôt deux ans pour que soit posée une plaque commémorant ces faits au sein du Lycée Jean Mermoz.
La
famille d’Yves attend ce moment avec beaucoup d’impatience : « Comme
mes enfants ont tous été au lycée, c’est pour moi un des points importants de
Buenos Aires, et je vois bien plus une plaque au lycée qu’au coin d’une
rue »,
a confié Jean Domergue, le père d’Yves, à l’issue de la cérémonie.
Pour
signer la pétition de soutien au projet de mise en place d’une plaque au lycée
Mermoz :
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